À bon port

Arrivée à bon port.  Pour mieux repartir…

“La barque que l’on retient au port n’apprend pas à naviguer. »

Mes dernières journées sur Terre-Neuve et ses côtes ont été toute une épopée !  Rejetée sur la terre ferme par les grands traversiers commerciaux, j’ai dû trouver un autre moyen de quitter la merveilleuse île pour en rejoindre une autre.  Et cette opportunité m’est venue de l’Amitié !  Un couple d’amis m’ont offert de traverser en Nouvelle-Écosse sur leur voilier !  Mais encore fallait-il me rendre à leur port de mouillage…  qui doit être ‘Francois’, un petit village côtier quelque part au sud.

Mes ‘pérégrinations’ ont repris de plus belle par les routes, les bateaux, d’autres routes et d’autres bateaux…  Ce qui m’a permis de découvrir une Terre-Neuve encore plus belle !  Un peu comme lorsque j’ai fait la côte Nord de Kegaska vers Blanc-Sablon par bateau, j’ai découvert de vieux petits villages qui ne sont accessibles que par la mer, enclavés dans des baies, surplombés par de magnifiques montagnes !  Par moments c’était aussi beau que la Nouvelle-Zélande !  Terre-Neuve c’est une île.  Et la découvrir en naviguant c’est tout autre chose qu’en pédalant !

Je vous laisse ce récit photo pour mieux juger de cette très belle étape de mes dernières journées à Terre-Neuve…


Extrême Est

D’un océan à l’autre…

Mon défi était de traverser le Canada d’un océan à l’autre sur mon fidèle vélo… Eh bien, c’est fait ! Mais ce n’est pas fini !…

Voici le récit (surtout en images) des dernières semaines de pérégrinations sur Terre-Neuve.

Vendredi 30 juillet.
D’Eastport à Dildo, 212 kilomètres.
Après quelques jours à Eastport Organics, je suis téléportée à la vitesse de l’éclair dans le beau petit village de Dildo grâce aux bons soins de mon maraîcher James et de son ‘pick-up’ !

Dildo.  Décidément ce nom revient souvent dans cette contrée !  J’ai découvert qu’il s’agirait du nom d’une pièce d’un bateau…

Les voyages ont ceci de bon qu’ils nous en apprennent beaucoup sur le monde et ouvrent nos horizons !

Lorsque j’arrive dans un nouveau patelin, je repère toujours un café-resto ou la microbrasserie du coin.  Il n’y a pas mieux pour reprendre contact avec les gens.

Attablée à la microbrasserie de Dildo, je ne suis pas restée assise seule bien longtemps…

Mes nouveaux ami(e)s de Dildo !

Une belle gang m’a invité à passer la soirée avec eux et à jouer aux cartes dans leur ‘bed & breakfast’ Georges House B&B où le propriétaire, Todd Warren, m’a accueilli gentiment sur son terrain pour la nuit !  Au matin, il m’avait préparé un bon déjeuner, merci !  Tout ça grâce à ces deux beaux couples…  Encore une fois, bien nourrie et bien reposée, j’ai pu reprendre ma route vers St. John’s.

Samedi 31 juillet.
De Dildo à Brigus, 52 kilomètres.

Dimanche 1er août.
De Brigus à Paradise, 60 kilomètres.
Je suis accueilli chez des gens vraiment extraordinaires et nourrissants pour l’âme.

Lundi 2 août.
De Paradise à Quidi Vidi, 27 kilomètres.
J’arrive à St. John’s pour quelques jours.
Et encore une fois, je suis accueilli avec grande générosité par Bernadette et Maurice qui me fait visiter les environs, me propose randonnées, histoires et bonne bouffe !  Encore une fois, merci de cet accueil rempli de générosité et de plaisir à partager de bons moments !

De Terre-Neuve, je retiendrai, bien sûr la beauté des paysages et de la Mer.
Mais bien plus : la chaleureuse humanité des Terre-Neuviens !
J’ai eu la chance et le privilège de rencontrer des gens joyeux, généreux, matures et croyez-moi ça m’a fait grand bien !

Enfin un poisson !

Dans l’attente d’avoir une place sur le traversier qui m’amènerait en Nouvelle-Écosse, j’ai me suis attardé et j’ai passé quelques jours à St. John’s.
Mais mauvaise nouvelle !  Pas de place pour moi sur ces gros bateaux avant tard au mois de septembre !?!…
Comme on dit : ‘j’ai raté le bateau !’

Ces derniers mois, mes plans ont souvent changé…
Encore une fois je dois m’adapter et trouver une belle solution…
C’est bon pour le coco, ça !
Et vous savez quoi !?…
J’ai trouvé comment arriver à bon port.
Il ne s’agit que de m’y rendre, par tous les moyens…
De reprendre la route, découvrir d’autres côtes, pour mieux repartir et continuer…
C’est vraiment à suivre…


Eastport Organique

Je suis fatiguée.  Et j’ai faim.

Partout des lignes…
Naturelles, fabriquées, organiques, comme des chemins tracés plus ou moins éphémères, à laisser derrière Soi, à parcourir jusqu’au bout ou pas, à soigner pour mieux récolter…
Comme des itinéraires de vie que l’on doit laisser, que l’on désire accomplir ou que l’on peut changer…

L’air salin, les paysages à couper le souffle, c’est bien beau… mais faut manger aussi !  Si je veux continuer d’avancer, ça prend du bon gaz dans la machine !  Du Super sans pesticides !!

Beaucoup de végétation, mais pas beaucoup de salades !

Autant l’eau a posé problème lors de la traversée des Grandes Prairies, ici ce n’est pas l’eau qui manque, mais j’ai plutôt une certaine difficulté à me procurer les denrées que j’affectionne !

Une décision s’impose : longer la côte au bord de la mer OU me diriger vers la ville…  Parce que j’ai faim pour des fruits et des légumes, qui ne sont malheureusement pas faciles à trouver dans les petits villages.
Donc, la ville l’emporte !  Direction Gander et ensuite Eastport…
Eastport n’est pas véritablement une ville, mais j’ai déniché dans ce petit village un potager biologique : Eastport ‘Organics’ ! !

Après plus de 200 kilomètres, j’arrive à cette ferme…  Dont seul un homme prends soin, accompagné occasionnellement par quelques personnes de passage.  Une jeune femme allemande, Corine, y est pour quelques semaines afin d’aider Jason sur cette belle ferme !  Et je vais m’y attarder moi aussi, le temps d’aider et de me ressourcer.

Si vous avez envie d’y passer quelque temps, travailler en échange de bons repas frais et sains, et aussi de vous amuser dans cet endroit merveilleux, vous pouvez contacter Jason, d’Eastport Organics et il se fera un plaisir de vous accueillir !  Il a grandement besoin d’aide !  Et ce coin de pays est superbe !


Île Fogo

Visite d’une île du bout du monde… Fogo.

« J’ai trouvé mon île au trésor. Je l’ai trouvée dans mon monde intérieur, dans mes rencontres… » – Hugo Pratt

J’ai quelques ‘maux’ à vous confier…


New World Island

Dormir sur une nouvelle île.

Avant dodo, petit vidéo (en anglais seulement).

Avant de continuer ma route vers l’île Fogo, j’ai été attirée par ‘the New World Island’ !  Comment résister à la nouveauté !  Et j’ai bien fait de faire ce détour en allant vers le nord, j’y ai découvert Twillingate ainsi qu’un parc au nom évocateur : le parc provincial Dildo Run (le ‘dildo’ étant une pièce de bateau, vous le saviez n’est-ce pas !?)


Silence radio

Peut-on se perdre sur une île?…
Qui est sur une île…

Ma bécane, bien chargée, les freins usés !

Après ma randonnée au parc du Gros Morne, je réalise en reprenant mon vélo que je n’ai presque plus de freins !  Le seul magasin de vélo de cette région, avant la grande ville de St-John’s, est à 115 kilomètres.
Par chance, une sympathique cycliste récemment rencontrée sur la route m’offre de m’y emmener avec sa voiture et j’accepte avec grand bonheur, car je me voyais très mal prise dans les côtes sans freins !

C’est toujours plaisant de rencontrer une autre cycliste !
Entre autre, pour partager la Beauté des paysages…
… et faire une pause amicale.
Merci Sarah pour la rando en vélo et en auto !

Puis, le lendemain, silence radio en mon être… !?!
Sur la route tous les chemins sont difficiles et certains barrés !… Je dois donc faire des détours vers l’autoroute et cela prolonge mon itinéraire d’un bon 35 kilomètres.

De Corner Brook à Deer Lake, je rencontre pleins d’obstacles…
… et doit faire plusieurs détours qui prolonge mon itinéraire par des autoroutes.
Après les 75km d’imprévus, prendre une pause en micro-brasserie et observer les gens est bienvenu !
… avant de me cacher derrière cette table pour récupérer de la journée.

Les détours imposés ces jours derniers m’ont obligé à rester solidaire avec moi-même et m’ont amené encore plus au centre de ma solitude de routière; même si ces moments de silence sont grandement appréciés, je me sens plus dans l’épreuve cycliste qu’en balade en Bixi !

136 kilomètres d’une longue route sans fin… parfaite pour être en silence avec moi même.
Le soir venu, mon gîte est souvent très différent; comme dans ce village où tout était sur le gravier !
Je trouve toujours un p’tit coin pour mon dodo. Par contre, le manque de variété des fruits et légumes me pèse car la saine nourriture est difficile à trouver dans ces endroits éloignés.
Voyez où mon campement champêtre était situé en réalité !

Après quelques jours et plus de 300 kilomètres, je suis tout de même heureuse de retrouver la civilisation avec cette arrivée à Lewisport et cet accueil dans une belle maison jaune remplie de soleil !

À la fin de longues journées, une maison et un accueil de rêves !

Je réalise en faisant cet arrêt que je n’ai plus de force…
Mon corps et ma tête sont fatigués. Mon acouphène s’est amplifié et fait un bourdonnement incessant dans ma tête. La lumière, les sons, les odeurs, le vent sont devenus insupportables.

On m’offre l’hébergement et c’est grandement apprécié!
Je vais pouvoir me reposer ici, sur le sofa de l’entrée.

Un divan fera changement de ma tente.

Puis un voisin vient m’accueillir, je tente de tout mon être de me réveiller, ce n’est pas facile. Je ne veux pas montrer mon épuisement, j’ai quand même envie de connaître ces gens riches en histoire et pleins de bonté !
Allez hop !  C’est parti pour une petite soirée au port avec ces gens adorables ! La voile sera le sujet principal !

La marina de Lewisport.
Les Terre-Neuviens sont vraiment de chaleureuses personnes.

J’avais prévu prendre une journée de repos, puis de reprendre ma route…
Mais je m’attarde; une merveilleuse femme m’offre le souper, m’offre son auto pour aller faire l’épicerie, et me partage son histoire et l’histoire incroyable de son mari !
Je suis si bien entourée et absorbée par ces gens que je ne réalise pas que mon énergie baisse tant cela me demande beaucoup d’attention.
Entre ces rencontres, le besoin de silence se fait de plus en plus sentir…
Et finalement j’aurai besoin de quatre jours passés à l’intérieur de moi et à l’abri de l’extérieur, à me reposer ici sur le sofa de l’entrée. Quelle chance que j’ai tout de même de prendre une pause de ma route nomade ! Comme les gens sont bons avec moi !

L’appel de la route, toujours…

Chaque soir mes bagages et mon vélo sont prêts à partir, mais le matin au réveil c’est impossible de repartir. Suis-je allé trop loin ?  Est-ce que j’ai poussé mon corps à dépasser sa limite ?  Est-ce que demain matin je serai enfin prête à reprendre la route ?  J’en ai tant envie… Pas le choix, encore ce soir de reposer ma tête et lâcher prise sur ce questionnement…  Si ce voyage doit se terminer et bien j’aurai tout de même accompli un défi d’envergure et appris à reconnaître davantage mes limites.  Bonne nuit Julie…

Ma fidèle monture, qui me transporte, activée par le Coeur…
… qui, à force de Beauté et de Bonté, rencontrées, me transforme et m’embellit !

Mais vous savez. J’ai repris la route, bien sûr !
On dirait bien que mes jambes sont plus fortes que ma tête !
Mais à la solitude du voyage s’est ajouté comme un air de simplicité…
Pédaler me suffirait.
Même si au fond de moi, pour mieux partager, je vous embarquerai tous sur un tandem-totem d’un kilomètre de long poussé ou freiné par les vents de ce Grand Pays…
Juste pour entendre vos souffles dans l’effort et vos cris de joie en descente !

Ma virée n’est pas terminée.  Terre-Neuve, ce sont d’innombrables îles autour d’une île et d’attirantes péninsules donnant sur une mer infinie…
Prochaine étape, Fogo Island et son hôtel mythique…

Merci de continuer à me suivre, me lire, à me motiver.

 

Gros-Morne

Randonnée pédestre au parc national du Gros-Morne.

Un peu de rando, ça change du pédalo !

Peu de temps après mon arrivée sur l’île, par une magnifique journée, j’ai eu le loisir de parcourir le Parc National du Gros-Morne.

J’aime la montagne autant que la route et cet endroit s’imposait de par sa réputation. Comme on dit : c’est un ‘must’ !
Et si vous allez à Terre-Neuve, et surtout si vous arrivez par le bateau de Blanc-Sablon, pour sûr, le Gros ‘y vous attend’ !

C’est un endroit exceptionnel de par ses paysages, sa géologie, son énergie tellurique ! Je vous souhaite de le rencontrer, il est comme un géant de la Terre et de la Mer.