Histoire d’Ô

Les plaines de l’Alberta et de la Saskatchewan.

Le vent, le sable, les pesticides arrivent sur moi, de face à la vitesse de 40km/hre. La sécheresse des terres m’assèche la bouche, les yeux et heurte mes poumons.

J’ai soif, il n’y a pas d’eau ici. Les petits lacs sont remplis de minéraux venant du sol et de produits chimiques venant de l’homme pour satisfaire une soif matérielle dont nous sommes tous responsables.

Je résiste et continue de rouler à contre vent afin de me rendre à la prochaine station-service. Ici je ne suis pas autonome, mais bien dépendante pour m’abreuver convenablement.

Depuis que je suis dans les plaines, le matin au départ, je m’assure d’avoir mes 5 litres d’eau.  Je ne peux pas transporter plus.  Je dois considérer quels seront mes arrêts dans de petits villages. Certains n’ont pas d’épicerie ou station-service.  Je suis dans un désert…

Dix kilomètres me séparent de la prochaine station-service et je n’y arrive plus, le vent me freine, la chaleur intense me déshydrate et le soleil qui me brûle ne veut pas aller dormir et me laisser me rafraîchir. Il est 19 heures, je cherche l’ombre, mais il n’y a pas d’arbres. Alors je fonce, épuisée, et espère arriver avant la fermeture de cette station-service, sans quoi je n’aurai pas d’eau.

J’aperçois un mini lac, mais je n’ose pas m’approvisionner à cette eau… Un cerne de sel l’entoure et tous ces champs remplis de pesticide me freine.
Ici, la majorité des habitants ne boivent pas l’eau du robinet.

La beauté des plaines qui m’apporte une paix intérieure est aussi violente et épuisante. Je me bats depuis quelque temps avec ce vent qui ne tourne pas. Je résiste, une solitude accablante s’empare de moi.

Aujourd’hui la météo changera.
Il est annoncé, neige, vent et température sous zéro.

À progresser dans ces paysages linéaires, je serais presque tentée de croire, comme certains, que la Terre est belle et bien plate !
Mais le Soleil me rassure que demain sera là, mais pas tout à fait pareil…  Comme la révolution de mes roues au devant d’incessants paysages.  Comme les voeux éphémères que l’on se fait jours après jours…

L’hydratation

Dans ces conditions, la vie au quotidien est un défi en soi. Chaque matin je refais mes bagages et chaque soir je me fais un campement pour y passer la nuit. Mon corps travaille en continu pour subvenir à mes besoins de base. Il travaille aussi pour me faire avancer. L’hydratation est un besoin vital, elle joue un rôle important dans le maintien de mon énergie. Je ne peux pas me permettre la déshydratation.

La prise de minéraux (oligoéléments ioniques) est grandement recommandée pour le maintien de l’hydratation; cela aide à la formation de tissus et au bon fonctionnement des muscles.

Le SteriPen

Pour traiter mon eau j’utilise un système à lampe UV communément appelé SteriPen. Cela tue les bactéries, les protozoaires et les virus a 99%.
Système simple et efficace pour un voyage de plusieurs mois. Encore faut-il avoir des sources d’eau sur le chemin. Ce système a été parfait jusqu’ici; sauf ici avec le peu d’accessibilité à l’eau et surtout des eaux polluées, car ce système n’enlève pas les produits chimiques accumulés avec le temps.

 

Du haut vers le plat

Tout ce qui monte doit redescendre.

Nous étions au Lac Louise…
239 km nous séparaient de Jasper par la route des glaciers.
Un gardien de parc nous informa qu’il serait impossible de dormir en camping sauvage dans le parc national. Cela ne nous plaît pas mais les campings sont fermés, car il est trop tôt dans la saison. Pas le choix, d’autant plus qu’une maman grizzly récemment réveillée rôde aux alentours et notre nourriture serait une cible parfaite !

Au pays de l’Ours

Nous sommes dans la transition de l’hiver au printemps. Les ours sortent de leur sommeil et sont eux aussi dans un nouveau cycle. Le réveil est brutal et ils n’ont toujours pas bu leur premier café du matin ! Nous devons donc être vigilants pour éviter une rencontre potentielle.

Dormir dan’l bois, chez les animaux…

En voyage chaque contrainte peut devenir une opportunité.
Notre solution: louer une voiture jusqu’à Edmonton. Nous pourrons quand même profiter de la nature et du parc national et nous pourrons faire quelques randonnées et reposer nos muscles fatigués.

Me voici donc en randonnée à Jasper. Après mon trauma crânien, la randonnée en haute montagne m’était impossible, car l’altitude me déstabilisait. Je me sentais forte et prête à tenter cette montagne de 2200m. Le bonheur de gravir une montagne m’envahissait à nouveau ! Je suis là, je réussis ! J’entrepris cette ascension. Mes symptômes avaient disparu !! Pas à pas je montais, pas à pas le bonheur de réussir imprégnait mon être !

Montagnes prometteuses

Soudain, je ne sais plus avancer, je tremble…
Je ressens les symptômes d’il y a 3 ans revenir ! Je ne veux plus revivre cette faiblesse ! J’ai peur, je tremble toujours, je n’ai plus d’équilibre… un pas en avant est interminable… Le sommet est là et je veux l’atteindre. Je résiste et je continue même si j’ai peur de rester dans cet état. Il y a un mélange entre le bonheur et la fierté d’avoir réussi à me rendre si haut et le désespoir du retour des symptômes.

Ciel menaçant et chant du Corbeau

1800 mètres. Comment se fait-il que je n’avance plus, comment se fait-il que mon corps résiste, comment se fait-il que ma tête ne contrôle plus rien? Et cette montagne si menaçante qui ne me permet pas de faire un faux pas…
Mon partenaire de voyage est inquiet et doit m’aider à redescendre de façon sécuritaire. Je suis maintenant redescendue à 1000 mètres d’altitude; mes pertes d’équilibre s’estompent et je retrouve ma stabilité intérieure.

Du sommet à la coulée

Une fatigue s’empara de moi et une pause de quelques jours à Edmonton sera grandement apprécié. La transition brutale entre les montagnes et les plaines s’est imposée…

Fin du jour de rêves…

J’ouvre la porte de cette petite chambre d’hôtel… Les larmes coulent sur mes joues brûlées par le soleil ! Les symptômes sont de retour… La moitié de ma tête est engourdie et je tremble ! Un repos ici me fera un grand bien. J’espère que la plaine m’apportera une accalmie salutaire…

Plaines, sueurs & poussière

L’esprit de l’Ours, rencontré dans les hauteurs, viendrait-il me signifier la nécessité de me ressaisir et de mettre en place des limites plus appropriées pour affirmer mon espace personnel et un nouveau rythme pour mes pérégrinations?

J’aurai les Plaines pour y répondre…

Accompagnée de ma fidèle ombre

Zone de confort

Le voyage, l’aventure, la vie nomade est un mode de vie qui nourrit mon âme, mon esprit et mon cœur !

Je suis dans ma zone de confort et cela m’aide à réduire les symptômes reliés au syndrome post-commotionnel !

Le stress d’une vie qui ne me convient pas est derrière moi.
Tout ceci me fait un bien fou !

Cela me ramène quelques années derrière et me fait comprendre que :
pour toute guérison, quel que soit le traumatisme, la maladie ou même la dépression, à la minute où nous sommes dans notre chemin de vie ou faisons ce qui nous passionne, nous accélérons notre guérison.

Il est fort à parier que si j’avais suivi le programme offert par le gouvernement pour les traumas crâniens, je serais encore à faire du tapis roulant trois jours par semaine.  Je suis bien chanceuse de voir défiler devant mes yeux ces paysages grandioses et de sentir mes jambes s’enflammer sous les kilomètres bitumeux !

La nature, le plein air et l’exercice intense créent pour moi de l’énergie et me nourrissent. Je suis plus endurante qu’avant, mais quand mon corps me donne un signal, il est parfois impossible de poursuivre ma route…  Je dois donc gérer mon énergie avec minutie; garder espoir avec réalisme.

Encore en chemin dans les Rocheuses, le défi est grand, certes…  Et pousser un vélo dans deux pieds de neige est extrêmement difficile !  Par contre, une musique intérieure m’accompagne et le bonheur intense que cette aventure me procure m’aide à poursuivre malgré toutes les douleurs corporelles.

Les marmottes des montagnes

Deux marmottes en bordure de la route

Première semaine de notre traversée du Canada.

Adaptation est le mot qui résume toute l’intensité de ces 8 premiers jours !  Tout un début de voyage… 502 km dans les montagnes !  Plusieurs ascensions qui nous ont transporté jusqu’à une altitude de plus de 1000 mètres!

De plus, deux êtres qui ne se connaissent pas beaucoup et le défi de créer une aventure commune rendent ce voyage intense à tous les niveaux !
Les muscles doivent s’adapter, notre corps essaie de faire un avec ce véhicule d’évolution qui est le vélo !
La beauté des paysages et le froid intense nous obligent à tout intégrer dans ce défi.

Comme nous sommes encore dans la saison hivernale, plusieurs belles petites routes sont fermées, donc nous avons dû en contourner quelques-unes !
Ce qui nous a créé un délai de 2 ou 3 jours sur l’itinéraire prévu. J’avais tout de même cette curiosité face à l’imprévu et heureusement que Frédéric, mon ami de voyage, a bien embarqué dans mon délire !

Nous voilà rendus à Osoyoos, désert du Canada.
Nous prenons une petite pause de quelques jours afin de reprendre nos forces. J’ai eu une problématique de santé qui m’a obligée à me reposer quelques jours (rien de bien grave, mais assez pour devoir arrêter) et nous devons réparer le vélo de Frédéric afin qu’il soit sécuritaire pour les 3 prochaines semaines dans les montagnes. Ses freins ont complètement lâché quelques jours avant notre arrivée à Osoyoos !
Aujourd’hui nous profitons d’une belle journée ensoleillée sur une terrasse et nous pensons à vous qui nous motivez jour après jour !
Merci encore à tous pour vos présences virtuelles!

On se reparle dans quelques jours lorsque nous serons à Nelson.


En transit

Bonjour, vous vous demandiez peut-être où j’étais disparue ?!

Après un départ plein de revirements, je serai bientôt prête à prendre enfin la route.

À mon arrivée à Vancouver, j’ai tout de suite su que j’aurais besoin d’un moment pour me remettre du stress du départ et la météo m’a donné sa bénédiction en me servant plusieurs journées de pluie torrentielle qui rendaient la conduite à vélo très difficile et les longues distances impossibles.
Ça m’a permis de rencontrer une cousine que je ne connaissais pas, qui est basée à Victoria sur l’île de Vancouver. J’ai beaucoup apprécié cette rencontre.

Ensuite, je me suis retrouvé sur une belle plage après une longue journée de vélo, le vent glacial soufflait très fort… Au moment où je m’apprêtais à dormir à l’abri sous une table à pique-nique, j’ai rencontré Woody et son fils autiste de 14 ans William… Ils m’ont accueilli très chaleureusement dans leur environnement. J’ai pu y mettre ma tente à l’abri et profiter de leurs présences agréables. Une belle amitié s’est installée…

Puis quelques jours chez un ami sur l’île de Gabriola !
Maintenant que je suis bien reposée, je suis enfin prête à partir dans les montagnes et me diriger doucement vers l’est.
Mon cœur est rempli de joie juste à penser à la route, le vélo et m’enivrer de ce merveilleux paysage.
Merci de continuer à me suivre.