Silence radio

Peut-on se perdre sur une île?…
Qui est sur une île…

Ma bécane, bien chargée, les freins usés !

Après ma randonnée au parc du Gros Morne, je réalise en reprenant mon vélo que je n’ai presque plus de freins !  Le seul magasin de vélo de cette région, avant la grande ville de St-John’s, est à 115 kilomètres.
Par chance, une sympathique cycliste récemment rencontrée sur la route m’offre de m’y emmener avec sa voiture et j’accepte avec grand bonheur, car je me voyais très mal prise dans les côtes sans freins !

C’est toujours plaisant de rencontrer une autre cycliste !
Entre autre, pour partager la Beauté des paysages…
… et faire une pause amicale.
Merci Sarah pour la rando en vélo et en auto !

Puis, le lendemain, silence radio en mon être… !?!
Sur la route tous les chemins sont difficiles et certains barrés !… Je dois donc faire des détours vers l’autoroute et cela prolonge mon itinéraire d’un bon 35 kilomètres.

De Corner Brook à Deer Lake, je rencontre pleins d’obstacles…
… et doit faire plusieurs détours qui prolonge mon itinéraire par des autoroutes.
Après les 75km d’imprévus, prendre une pause en micro-brasserie et observer les gens est bienvenu !
… avant de me cacher derrière cette table pour récupérer de la journée.

Les détours imposés ces jours derniers m’ont obligé à rester solidaire avec moi-même et m’ont amené encore plus au centre de ma solitude de routière; même si ces moments de silence sont grandement appréciés, je me sens plus dans l’épreuve cycliste qu’en balade en Bixi !

136 kilomètres d’une longue route sans fin… parfaite pour être en silence avec moi même.
Le soir venu, mon gîte est souvent très différent; comme dans ce village où tout était sur le gravier !
Je trouve toujours un p’tit coin pour mon dodo. Par contre, le manque de variété des fruits et légumes me pèse car la saine nourriture est difficile à trouver dans ces endroits éloignés.
Voyez où mon campement champêtre était situé en réalité !

Après quelques jours et plus de 300 kilomètres, je suis tout de même heureuse de retrouver la civilisation avec cette arrivée à Lewisport et cet accueil dans une belle maison jaune remplie de soleil !

À la fin de longues journées, une maison et un accueil de rêves !

Je réalise en faisant cet arrêt que je n’ai plus de force…
Mon corps et ma tête sont fatigués. Mon acouphène s’est amplifié et fait un bourdonnement incessant dans ma tête. La lumière, les sons, les odeurs, le vent sont devenus insupportables.

On m’offre l’hébergement et c’est grandement apprécié!
Je vais pouvoir me reposer ici, sur le sofa de l’entrée.

Un divan fera changement de ma tente.

Puis un voisin vient m’accueillir, je tente de tout mon être de me réveiller, ce n’est pas facile. Je ne veux pas montrer mon épuisement, j’ai quand même envie de connaître ces gens riches en histoire et pleins de bonté !
Allez hop !  C’est parti pour une petite soirée au port avec ces gens adorables ! La voile sera le sujet principal !

La marina de Lewisport.
Les Terre-Neuviens sont vraiment de chaleureuses personnes.

J’avais prévu prendre une journée de repos, puis de reprendre ma route…
Mais je m’attarde; une merveilleuse femme m’offre le souper, m’offre son auto pour aller faire l’épicerie, et me partage son histoire et l’histoire incroyable de son mari !
Je suis si bien entourée et absorbée par ces gens que je ne réalise pas que mon énergie baisse tant cela me demande beaucoup d’attention.
Entre ces rencontres, le besoin de silence se fait de plus en plus sentir…
Et finalement j’aurai besoin de quatre jours passés à l’intérieur de moi et à l’abri de l’extérieur, à me reposer ici sur le sofa de l’entrée. Quelle chance que j’ai tout de même de prendre une pause de ma route nomade ! Comme les gens sont bons avec moi !

L’appel de la route, toujours…

Chaque soir mes bagages et mon vélo sont prêts à partir, mais le matin au réveil c’est impossible de repartir. Suis-je allé trop loin ?  Est-ce que j’ai poussé mon corps à dépasser sa limite ?  Est-ce que demain matin je serai enfin prête à reprendre la route ?  J’en ai tant envie… Pas le choix, encore ce soir de reposer ma tête et lâcher prise sur ce questionnement…  Si ce voyage doit se terminer et bien j’aurai tout de même accompli un défi d’envergure et appris à reconnaître davantage mes limites.  Bonne nuit Julie…

Ma fidèle monture, qui me transporte, activée par le Coeur…
… qui, à force de Beauté et de Bonté, rencontrées, me transforme et m’embellit !

Mais vous savez. J’ai repris la route, bien sûr !
On dirait bien que mes jambes sont plus fortes que ma tête !
Mais à la solitude du voyage s’est ajouté comme un air de simplicité…
Pédaler me suffirait.
Même si au fond de moi, pour mieux partager, je vous embarquerai tous sur un tandem-totem d’un kilomètre de long poussé ou freiné par les vents de ce Grand Pays…
Juste pour entendre vos souffles dans l’effort et vos cris de joie en descente !

Ma virée n’est pas terminée.  Terre-Neuve, ce sont d’innombrables îles autour d’une île et d’attirantes péninsules donnant sur une mer infinie…
Prochaine étape, Fogo Island et son hôtel mythique…

Merci de continuer à me suivre, me lire, à me motiver.

 

Nourriture de femme

Repas au restaurant La Batture

Me nourrir

Il est 21h00, je ne sais pas où je vais mettre mon campement ce soir…

Après 120km de battures, de montées et de descentes en solo, je suis arrivée dans une belle ville touristique du bord du fleuve que l’on nomme Baie-Saint-Paul et je suis en train de reconnaître le besoin de prendre soin de moi…

La nourriture s’impose…
Tiens ! Un bon restaurant m’interpelle. Et il se nomme justement ‘La Batture’ !
Pourquoi pas !  J’ai envie de me nourrir d’un peu de luxe !
Fêter mon moment solitaire et de dépassement physique en embrassant cette occasion de richesse culinaire occidentale !
Comme je ne sais pas où je vais poser ma tente ce soir et qu’en sortant de ce restaurant je serai sans domicile fixe, seule et vulnérable dans le noir de cette nuit de fin juin, je savoure pleinement ce moment où, attablée, je me sens sécure, fière et femme !

J’entreprends ainsi ce que je pourrais considérer comme la deuxième partie de mon périple. Après une pause dans la région de Montréal, un passage à Victoriaville chez Répit-Jeunesse et puis finalement quelque temps dans la belle région de Québec, je gravis maintenant d’autres belles montagnes, celles de Charlevoix. La présence de l’eau du fleuve Saint-Laurent me nourrit bien autrement que celle absente des Plaines. Et j’espère bien remonter jusqu’à la source de cette route…

Merci de continuer à me suivre !

Ce soir, je me paye une chambre de 200$ !!
J’ai dormi dans un parc de ville… Haha ! c’est quand même fou la vie !!

Les Bipèdes

Les humains sont si généreux !

Suite à mon dernier texte qui faisait état de ma grande difficulté à traverser le centre de ce pays, j’aimerais tout de même m’exprimer sur la beauté du monde… des humains !

Tous vos bonjours sur le bord de la route, vos encouragements et appréciations de mon projet, vos sourires me nourrissent jour après jour.
Dans ces temps de pandémie, je me sens comme une intruse et la peur de ne pas respecter les gens me préoccupe, car la dernière chose que je veux est bien de manquer de respect !

Et puis, sur ma route, je me rends compte que les gens sont tellement heureux d’être présents sur mon passage. Cela nourrit mon corps physique, mon moral, et mon âme. Tant de belles rencontres me remplissent de joie et m’aident à continuer.

Je vois et comprends l’essence même de ce voyage: les rencontres humaines, le non-jugement de tout un chacun et le bonheur de partager entre nous.

Toi, monsieur à l’épicerie… je te vois, je te sens. Cela fait longtemps que personne ne t’a parlé et ne s’est intéressé à toi… Nous restons assis à échanger quelques mots simples et nous nous nourrissons de cet instant. Merci à toi dont je ne connais pas le nom !

Je suis assise sur le bord de la route , épuisée, j’ai chaud et soif; une femme m’offre de l’eau ! Puis, plus loin, le gîte, un bon souper et un grand déjeuner ! Une douche chaude. Des moments de la vie ordinaire pour tout et chacun, mais qui prennent un tout autre sens après des jours de froid, de chaleur, de pluie et de sécheresse.

Merci à tous ceux qui m’ont aidée tout au long de mon parcours, merci pour les bonjours, les sourires et tout le reste.

Toi sur le bord de la route qui m’encourage oui toi… Merci tu as fait ma journée !


À bientôt cher lecteur et merci d’encourager Répit-Jeunesse qui vient en aide aux jeunes dans le besoin en leur procurant gîte, confort et réconfort, et ce, dans le non-jugement et dans l’amour !

Histoire d’Ô

Les plaines de l’Alberta et de la Saskatchewan.

Le vent, le sable, les pesticides arrivent sur moi, de face à la vitesse de 40km/hre. La sécheresse des terres m’assèche la bouche, les yeux et heurte mes poumons.

J’ai soif, il n’y a pas d’eau ici. Les petits lacs sont remplis de minéraux venant du sol et de produits chimiques venant de l’homme pour satisfaire une soif matérielle dont nous sommes tous responsables.

Je résiste et continue de rouler à contre vent afin de me rendre à la prochaine station-service. Ici je ne suis pas autonome, mais bien dépendante pour m’abreuver convenablement.

Depuis que je suis dans les plaines, le matin au départ, je m’assure d’avoir mes 5 litres d’eau.  Je ne peux pas transporter plus.  Je dois considérer quels seront mes arrêts dans de petits villages. Certains n’ont pas d’épicerie ou station-service.  Je suis dans un désert…

Dix kilomètres me séparent de la prochaine station-service et je n’y arrive plus, le vent me freine, la chaleur intense me déshydrate et le soleil qui me brûle ne veut pas aller dormir et me laisser me rafraîchir. Il est 19 heures, je cherche l’ombre, mais il n’y a pas d’arbres. Alors je fonce, épuisée, et espère arriver avant la fermeture de cette station-service, sans quoi je n’aurai pas d’eau.

J’aperçois un mini lac, mais je n’ose pas m’approvisionner à cette eau… Un cerne de sel l’entoure et tous ces champs remplis de pesticide me freine.
Ici, la majorité des habitants ne boivent pas l’eau du robinet.

La beauté des plaines qui m’apporte une paix intérieure est aussi violente et épuisante. Je me bats depuis quelque temps avec ce vent qui ne tourne pas. Je résiste, une solitude accablante s’empare de moi.

Aujourd’hui la météo changera.
Il est annoncé, neige, vent et température sous zéro.

À progresser dans ces paysages linéaires, je serais presque tentée de croire, comme certains, que la Terre est belle et bien plate !
Mais le Soleil me rassure que demain sera là, mais pas tout à fait pareil…  Comme la révolution de mes roues au devant d’incessants paysages.  Comme les voeux éphémères que l’on se fait jours après jours…

L’hydratation

Dans ces conditions, la vie au quotidien est un défi en soi. Chaque matin je refais mes bagages et chaque soir je me fais un campement pour y passer la nuit. Mon corps travaille en continu pour subvenir à mes besoins de base. Il travaille aussi pour me faire avancer. L’hydratation est un besoin vital, elle joue un rôle important dans le maintien de mon énergie. Je ne peux pas me permettre la déshydratation.

La prise de minéraux (oligoéléments ioniques) est grandement recommandée pour le maintien de l’hydratation; cela aide à la formation de tissus et au bon fonctionnement des muscles.

Le SteriPen

Pour traiter mon eau j’utilise un système à lampe UV communément appelé SteriPen. Cela tue les bactéries, les protozoaires et les virus a 99%.
Système simple et efficace pour un voyage de plusieurs mois. Encore faut-il avoir des sources d’eau sur le chemin. Ce système a été parfait jusqu’ici; sauf ici avec le peu d’accessibilité à l’eau et surtout des eaux polluées, car ce système n’enlève pas les produits chimiques accumulés avec le temps.

 

Corps & Esprit

Le défi de se dépasser.

Souvent, lors de défi intense comme monter 1100 mètres en 46 km dans des sentiers enneigés, boueux et remplis de roches, le moral peut s’effriter et peut susciter en nous un état d’esprit de plainte et de découragement.

On choisit son chemin… et il n’est pas toujours facile!

Je vais vous raconter un fait qui s’est passé en Australie en 2003 et qui a été une grande leçon pour moi. Cet apprentissage m’a servi souvent depuis et a changé ma vision de la vie.

Même dans la nuit, il faut avancer…

Nous sommes sans le sou, nous n’avons pas de travail et soudain un homme nous offre la possibilité de travailler dans un champ d’ail à faire la cueillette. Il fait 45 degrés Celsius, le vent est constant et la poussière nous fouette le corps. Nous sommes penchés et le dos nous fait souffrir…
Comme nous sommes payés au poids, nous voulons aller plus vite, mais nous sommes trop lents et il nous est impossible d’aller plus vite à cause des douleurs que le corps nous inflige.

La route est loin et haute, mais une lueur nous guide…

Soudain, entre quelques plaintes, je remarque un groupe d’Africains qui amasse l’ail tellement rapidement que je décide de les observer.
Ils chantent, rient et s’amusent en travaillant et leur cueillette est immense comparée à nous. Je commence à écouter leur chant et même à chanter avec eux…

Après quelques heures mon corps me fait moins mal, je me sens plus heureuse; je ne mets plus l’accent sur ma douleur ou la chaleur. Je me rends compte que j’amasse beaucoup plus d’ail qu’avant ! Je fais donc plus de sous…

Demain, tout sera beau et dégagé.

Aujourd’hui, chaque fois que je dois surmonter un défi, je pense à eux qui m’ont aidée à transformer mon état d’esprit et à ne pas m’attarder sur les difficultés, mais à voir du beau et du bon même dans des moments difficiles.

Zone de confort

Le voyage, l’aventure, la vie nomade est un mode de vie qui nourrit mon âme, mon esprit et mon cœur !

Je suis dans ma zone de confort et cela m’aide à réduire les symptômes reliés au syndrome post-commotionnel !

Le stress d’une vie qui ne me convient pas est derrière moi.
Tout ceci me fait un bien fou !

Cela me ramène quelques années derrière et me fait comprendre que :
pour toute guérison, quel que soit le traumatisme, la maladie ou même la dépression, à la minute où nous sommes dans notre chemin de vie ou faisons ce qui nous passionne, nous accélérons notre guérison.

Il est fort à parier que si j’avais suivi le programme offert par le gouvernement pour les traumas crâniens, je serais encore à faire du tapis roulant trois jours par semaine.  Je suis bien chanceuse de voir défiler devant mes yeux ces paysages grandioses et de sentir mes jambes s’enflammer sous les kilomètres bitumeux !

La nature, le plein air et l’exercice intense créent pour moi de l’énergie et me nourrissent. Je suis plus endurante qu’avant, mais quand mon corps me donne un signal, il est parfois impossible de poursuivre ma route…  Je dois donc gérer mon énergie avec minutie; garder espoir avec réalisme.

Encore en chemin dans les Rocheuses, le défi est grand, certes…  Et pousser un vélo dans deux pieds de neige est extrêmement difficile !  Par contre, une musique intérieure m’accompagne et le bonheur intense que cette aventure me procure m’aide à poursuivre malgré toutes les douleurs corporelles.