La traversée

Entre le rêve et la réalité…

A force de contempler la mer, on fini un jour par la prendre.

Comme vous le savez, je devais traverser de Terre-Neuve vers la Nouvelle-Écosse et c’est en voilier que j’ai réussi à le faire…

Wow !  Le rêve !  Un rêve que je mijotais en moi depuis au moins une quinzaine d’années.  Et voilà que l’occasion de vivre cette mini expérience (du moins c’est ce que je croyais) de voile se présente.

En attendant de pouvoir rejoindre le voilier de mes rêves, je suis bien installée à McCallum en hauteur et j’ai une vue spectaculaire.

Mon campement juché sur la colline.
La vue de mon campement.

McCallum est un petit village accessible par bateau seulement, pour se déplacer ici et bien c’est à pied ou en 4 roues pour certains.
C’était un village de 300 habitants et maintenant, ils ne sont que 25 résidents permanents.

Vue panoramique de McCallum.

Il n’y a pas tant à faire, mais j’en profite pour relaxer, cuisiner, lire et faire quelques randonnées, en surveillant la mer…
Le réseau cellulaire est intermittent. Nous nous sommes donné rendez-vous ici ou à Francois (qui s’écrit sans ‘ç’ et se prononce ‘Fransway’) qui est un village situé à environ 25 milles marins (46 km) et le traversier pour m’y rendre sera dans quelques jours.

Par un beau mardi après-midi, je reçois un texto !…  « Julie nous sommes presqu’arrivés à McCallum !… Les vents étaient très bons, nous y seront vers 17h30 ! »

Après m’être débouchée une bonne bouteille de vin en cuisinant, je saute de joie !  Je prépare donc un souper pour trois !  Je suis assise face à l’océan, je regarde au loin, car je sais très bien que je verrai les voiles très bientôt !!
LES VOILÀ…!!!  Je vois ce magnifique voilier avec à son bord deux humains fantastiques et Minette cette chatte si fidèle, ils sont là tout près…
Mais un son intense vient troubler ce moment de pur bonheur !
Un hélicoptère !?  Mon attention ce tourne vers cet engin qui habituellement sert en cas d’urgence !??  Mais finalement ce ne sont que de riches touristes venus voir ce village qui selon eux n’existera plus bientôt…  Bah…  Je discute un peu avec ces gens, m’en désintéresse et cours plutôt vers le port tout en bas de la colline…

Les retrouvailles sont bien agréables !  Je suis grandement accueilli sur ce voilier par un capitaine en qui j’ai confiance.
Après un bon souper, je reste à ma tente tout en haut de la colline et m’endors en rêvant de ce qui m’attend sur ce voilier…

Jour 1 : de McCallum à Richard’s Harbour.
Le lendemain, l’heure de vérité est arrivée, le vélo est démonté et bien entreposé dans le bateau.  Avant d’effectuer la traversée vers la Nouvelle-Écosse, nous longerons la côte sud de Terre-Neuve.  Il y a encore tant de beaux endroits à visiter.  Nous partons à moteur vers la baie Richard qui n’est pas très loin. La mer est calme, nous nous déplaçons sans vent jusqu’au fond de la baie.  Les paysages sont à couper le souffle…  Le silence est doux.  Aucune vague, la mer est comme un miroir… Ah!…  Que ce sera bon dormir dans le noir et le silence !  Le voilier bouge à peine…  J’ai hâte au lendemain en souhaitant bien du vent pour satisfaire mon envie de voile…  Évidement je n’y connais rien en ce domaine, mais je suis excitée et ouverte à tout apprendre.

Jour 2 : départ vers Francois.
La mer devient un peu plus agitée…  J’ai un sentiment de bonheur…  Les voiles sont montées et soudain je m’endors terriblement…  J’essaie de rester réveillée, mais je combats…  Je ferme donc les yeux et me laisse porter…  Par chance que je ne suis pas le capitaine !  Les vagues, le vent, je dors…  J’apprends, à notre arrivée au petit village de Francois, et les pieds bien sur terre, que s’endormir est une forme de mal de mer…  Bon…  Un peu déçu de ma super performance, nous allons marcher et se baigner en hauteur dans un petit lac…  La nature est généreuse avec ces petits fruits et la mer nous fournit un souper mémorable que notre cher capitaine nous cuisine pendant que nous, les sirène faisons du social !  Quelle belle soirée bien arrosée nous avons passé !  J’étais très heureuse et souhaitais du bon vent pour hisser les voiles vers ces horizons si magiques !

Jours 3 & 4 : de Francois vers Grey River et Ramea.
Ce matin je me suis levée enthousiaste et heureuse !  Je me sens en pleine forme !  Les vents sont bons et favorables !  Nous sortons de la baie de Francois. La mer est agitée, les vagues vont dans tous les sens…  Je suis tout de même heureuse et tellement excitée par la Mer.  Je regarde chaque mouvement du capitaine et sa co-capitaine…  Je m’imprègne de toutes les informations, j’essaie de retenir le tout et puis… impossible de continuer à les écouter et observer ! ??  Je ne peux plus me concentrer…  La tête me tourne, mais pas comme d’habitude, pas comme avec mon trauma crânien…  Cela arrive si soudainement !…  Je demande une chaudière !  Moi qui ne suis jamais malade de la sorte, cela me surprend énormément.  Évidemment que je vous épargne les détails !  Cinq heures en mer à essayer de retrouver un certain bien être…  Eh bien… c’est confirmé : j’ai le mal de mer…  Comme c’est dommage, j’aime tellement ce mode de transport…  Nous ferons escale dans une petite baie tranquille.

Le lendemain, ouf… la mer est calme, très calme.  Ce sera une journée à naviguer avec le moteur pour quitter Grey River et nous diriger vers l’île de Ramea.  Je me sens mieux, même bien et nous profitons de ce moment pour pêcher et regarder l’horizon brumeuse…  Que c’est calme !

Nous arriverons au port de l’île de Ramea sans avoir quitté la brume.

Jours 5 & 6 : traversée vers la Nouvelle-Écosse.
Nous avons 130 milles marins à parcourir.

Ramea.  Au beau milieu de l’après-midi, la brume est toujours parmi nous.
Il est annoncé un vent favorable pour cette traversée de 24 à 30 heures.
Nous partons, propulsés par le moteur du voilier.
Je suis un peu nerveuse…  Je n’ai vraiment pas envie d’être malade pour toutes ces heures…  Je me suis tout de même préparé physiquement et moralement.  Il y a cette brume épaisse qui nous enveloppe.  Par chance que les GPS et les cartes marines existent.  Nous naviguons à 5 ou 6 nœuds marins.  Jusqu’à maintenant mon corps s’adapte à la mer et je vais bien.

Comme notre capitaine l’avait calculé, au large la brume s’estompe et nous commençons à voir quelques rayons de soleil.  Ça s’annonce bien.  Nous soupons paisiblement et avant le coucher du soleil les voiles sont hissées, car le vent commence enfin.  Le vent s’adoucit généralement au coucher du soleil.  Et puis, voilà nous sommes partis…  Le voilier gîte beaucoup sur le côté et se déplacer nécessite beaucoup d’équilibre.  Le vent nous porte si fort…  C’est grisant !  Je ressens une émotion très forte s’emparer de moi et les larmes me coulent sur les joues…  Je ressens un bonheur indescriptible.  C’est hors du commun pour le cerveau.  La nuit tombe et je vais m’allonger.  HaHaHa!… J’ai tout de même réussi à garder ma nourriture et me déplacer sans trop avoir le tournis.  Toute la nuit je désire me lever pour aller voir la mer et les étoiles, mais je n’y arrive pas.
Au matin, me voilà sortie du lit !  Je mange un peu, je profite de l’horizon, de la mer, du vent avant de dire au revoir à ce rêve.
Parce que déjà en fin de journée nous arrivons à Port Morien en terre de Nouvelle-Écosse !

Je crois qu’avant de concrétiser ce rêve en réalité, il est important de s’accoutumer à la mer, l’apprivoiser, la respirer et surtout apprendre à naviguer.  Je ne désespère pas, car je connais un très bon marin qui a le mal de mer.  Il doit toujours prendre une semaine en mer pour s’accoutumer et puis le tour est joué.

Arrivés sur terre à Port Morien près de Sidney, il est temps de repartir et mes amis m’accompagnent et font un bon 20 km avec moi sur leurs vélos pliants !  Ce qui me crée un grand bonheur.

Merci infiniment à vous, deux beaux êtres, pour cette belle expérience…  On se retrouvera !  Je dois ajouter que le capitaine a très bien pris soin de moi lorsque j’étais malade. MERCI !

Merci à vous aussi d’avoir patienté, le temps de ma traversée !
Vous comprendrez que la traversée a été bien plus rapide que prévue…
Au lieu des quelques semaines que je prévoyais, il n’aura fallu que quelques jours, mais des jours intenses !

Arrivée près de Sidney en Nouvelle-Écosse, je prévois faire l’île du Cap Breton et la fameuse Cabot Trail.


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