Nouvelle Terre

Enfin m’y voilà ! Terre-Neuve !  La Nouvelle Terre promise !
Depuis 2019, je rêvais d’y revenir…

Arrivée sur l’île.

Je suis arrivée un vendredi soir de forte pluie; j’ai mis ma tente dans un petit parc du port de mon arrivée, le village de Sainte-Barbe, porte d’entrée nord-ouest de la péninsule de Terre-Neuve.  Et je me suis endormie avec le bruit des vagues et du souffle des baleines… Wow ! Enfin une nouvelle mer !

Météo tout à fait ‘maritime’ !

Samedi matin, il pleut sans arrêt, mais qu’à cela ne tienne, j’enfourche mon vélo, trop excitée de découvrir cette nouvelle route. Cela fait deux heures que je roule et je n’ai vu personne, pas un véhicule, rien…

Peu de chemins traversent la péninsule.
La route des Vikings, ces découvreurs d’avant l’histoire.
Route quasi déserte, omniprésence de l’air marin.

Je me pose la question: suis-je la dernière humaine sur Terre ?
Quelle étrange sensation, ce mélange de solitude et de liberté…
Et ce littoral, si différent de la Côte-Nord et encore plus de la côte ouest de la Colombie-Britannique ! Que la route, l’horizon de la mer, un peu de végétation, pas de grande forêt.

Paysage maritime typique.

Je finis tout de même par arriver à un mini village. Les habitants m’accueillent à cœur ouvert. Une femme seule sur un vélo suscite beaucoup d’intérêts. Assise tranquille au dépanneur de la place afin de me sécher un peu, un bon monsieur me paie un hot dog !

Civilisation à l’horizon !

La pluie s’est enfin arrêtée et après avoir parcouru 160km sur mon vélo, j’arrive au parc provincial des Arches. Un beau coucher de soleil m’y attend, c’est fabuleux ! J’installe ma tente solitaire et m’endors rapidement. Ma première journée en fut toute une !

Le parc provincial des Arches.
… comme un petit rocher percé !

Prochaine destination : Rocky Arbour, situé au coeur du Parc national du Gros Morne.  La route entre ce parc et Rocky Harbour est douce. L’odeur de la mer, des fleurs après la pluie et des conifères m’enivre. Je ressens une joie intense d’être sur cette île si impressionnante !

Au loin le Gros Morne… pas si morne que ça !

Comme je suis si près du parc du Gros-Morne, j’en profite pour faire une randonnée prisée par bien des randonneurs.

En attente de participer à l’entrevue avec Pépito Live Costa Rica, je me suis retrouvée à l’auberge de jeunesse ‘Out East Adventure Center’ où pour 20$ j’ai pu y planter ma tente et profiter de belles installations.

Décidément ce coin de pays, malgré son apparence parfois peu développée, dépouillée et sauvage, recèle bien des ressources naturelles et humaines!

Entre deux navires

Je sors du traversier, je suis à Blanc-Sablon.
J’ai 8 heures devant moi avant le départ du prochain traversier pour Terre-Neuve…

Le Labrador n’est pas loin et je veux vraiment tout visiter et tout voir !
Je vois sur la carte le petit village de l’Anse Amour…
Quel nom inspirant !
Qui ne veut pas connaître l’amour !?
Et après les ‘poignées d’amour’ voilà l’Anse !
Je veux m’y rendre.  Go !… sur le vélo, tout en me souhaitant de revenir à temps pour ne pas manquer ma traversée vers la Nouvelle-Terre promise !
Arrivée sur place, je prends quelques instants pour faire une belle prière.
Une prière au nom de tous, pour tous, afin que l’Amour de Soi se manifeste au coeur de nos vies…

En attendant d’être exaucée, il me faut revenir rapidement vers le port. Je pédale tellement rapidement que j’en suis épuisée, j’ai très mal calculé mon temps et il pleut tellement fort !… Par chance, un homme arrête son véhicule et m’offre de me porter jusqu’au bateau ! Wow ! Quelle gentillesse et quelle chance ! Chemin faisant, il me parle de son coin de pays et je réalise que j’y aurais bien passé plus de temps…
Labrador, je reviendrai…


Passer à l’Est

Mon départ de Québec (en fait du Lac-Beauport) pour me rendre d’une traite à Baie-Saint-Paul a été comme le tir d’une flèche vers un but lointain, mais longuement visualisé !  J’ai vécu la première étape de ce long voyage vers l’est comme un renouveau que j’ai eu envie de célébrer justement à mon arrivée à Baie-Saint-Paul.

Chaque mont, chaque montée, chaque descente de ces belles montagnes de Charlevoix ont été comme des moments de transition vers une nouvelle réalité beaucoup plus douce, celle d’un voyage en solitaire, en toute liberté.
Et ça a commencé en grande avec la longue côte de Saint-Joachim, lorsque l’on quitte la belle et historique Côte-de-Beaupré.

La fameuse côte de Saint-Joachim et du Cap Tourmente !
C’est pas les Rocheuses… mais ça monte et ça descend… sans cesse!

À l’incertitude d’entreprendre en solo cette autre partie de mon défi, s’est substitué le plaisir de me découvrir pleinement en tant que femme accomplie, solitaire et assumée.

J’ai roulé à fond !  J’ai fait des journées de 100, 120, 150 kilomètres…
Et les kilomètres parcourus me l’ont bien rendu avec des rencontres exceptionnelles remplies de bonté et de générosité !

Partout, tout au long de la Route du Fleuve, la beauté de la Nature.
Peu importe la température, les effluves embaument la route.
Mon vélo au couleurs d’arc-en-ciel !

De Québec à Baie-Saint-Paul, puis vers La Malbaie pour rejoindre Tadoussac et finalement m’arrêter aux Escoumins.  Où, une amie proche, sa fille et sa mère m’ont offert le privilège de partager le confort de leur chalet, sans compter le plus important, le réconfort de leurs présences…
Parce que j’ai laissé le compagnon du début de mon périple.

Dans mon gros canot! Tiguydou packsack m’en va à Tadoussac!
Ouf!… J’en ai pédalé un coup pour retrouver mes amies!
La bonheur des retrouvailles. Que le feu sera bon…

Oui, c’est vraiment une tout autre énergie qui m’anime. La démonstration de les savoir présents (même virtuellement) me sécurise et m’aide tellement dans la poursuite de cette aventure de guérison.  Tout comme le soutien des donateurs à GoFundMe et de toutes les personnes qui me suivent via les réseaux sociaux.

L’horizon sans fin me porte et me nourrit.
Avancer sans relâche tout en faisant confiance à la Providence.

Après leur hospitalité et un certain repos, je savais qu’il faudrait m’élancer sur la Côte-Nord, loin de mes proches pour rejoindre Sept-Îles avec une certaine urgence…

50ième Paralèlle ! Et tout à fait au Coeur de Moi.

Vu les conditions sanitaires changeantes, qui sait si j’aurai une quarantaine à faire pour accéder à Terre-Neuve ?…  Pas le choix.  En fait, je suis pressée et je prends le bateau qui me mènera au port de Blanc-Sablon.

Être chez Soi, partout. N’être bien qu’en Soi-même.
Prendre la bateau pour ne pas couler…
Sur la croisette, je me suis croisé !
De Sept-Îles à Blanc-Sablon. Les villages maritimes de la Côte-Nord.

Tout au long de cette traversée, je tombe en amour avec de merveilleux villages, inaccessibles par la route, que l’on me fait visiter et qui m’amène à penser, à songer que je vivrais bien cette expérience de vie en terre isolée.  Qui sait, un peu plus tard, dans quelques années…
C’est ‘La Grande Séduction’ quoi !

Un de ces villages uniques que le fleuve relie avec ses marées.
L’envie de croire… à une vie simple et solidaire.

Ces 72 heures de bateau me bercent et soignent, je le sens, mes blessures du passé… À mon arrivée à Blanc-Sablon, je me sens revivre pleinement, on dirait que mes bagages, mon fardeau, ne sont plus les mêmes…

Serait-il temps, un jour, de laisser son ‘barda’ su’l bord du quai?…
Une autre rive m’attends…

Nourriture de femme

Repas au restaurant La Batture

Me nourrir

Il est 21h00, je ne sais pas où je vais mettre mon campement ce soir…

Après 120km de battures, de montées et de descentes en solo, je suis arrivée dans une belle ville touristique du bord du fleuve que l’on nomme Baie-Saint-Paul et je suis en train de reconnaître le besoin de prendre soin de moi…

La nourriture s’impose…
Tiens ! Un bon restaurant m’interpelle. Et il se nomme justement ‘La Batture’ !
Pourquoi pas !  J’ai envie de me nourrir d’un peu de luxe !
Fêter mon moment solitaire et de dépassement physique en embrassant cette occasion de richesse culinaire occidentale !
Comme je ne sais pas où je vais poser ma tente ce soir et qu’en sortant de ce restaurant je serai sans domicile fixe, seule et vulnérable dans le noir de cette nuit de fin juin, je savoure pleinement ce moment où, attablée, je me sens sécure, fière et femme !

J’entreprends ainsi ce que je pourrais considérer comme la deuxième partie de mon périple. Après une pause dans la région de Montréal, un passage à Victoriaville chez Répit-Jeunesse et puis finalement quelque temps dans la belle région de Québec, je gravis maintenant d’autres belles montagnes, celles de Charlevoix. La présence de l’eau du fleuve Saint-Laurent me nourrit bien autrement que celle absente des Plaines. Et j’espère bien remonter jusqu’à la source de cette route…

Merci de continuer à me suivre !

Ce soir, je me paye une chambre de 200$ !!
J’ai dormi dans un parc de ville… Haha ! c’est quand même fou la vie !!

Les Bipèdes

Les humains sont si généreux !

Suite à mon dernier texte qui faisait état de ma grande difficulté à traverser le centre de ce pays, j’aimerais tout de même m’exprimer sur la beauté du monde… des humains !

Tous vos bonjours sur le bord de la route, vos encouragements et appréciations de mon projet, vos sourires me nourrissent jour après jour.
Dans ces temps de pandémie, je me sens comme une intruse et la peur de ne pas respecter les gens me préoccupe, car la dernière chose que je veux est bien de manquer de respect !

Et puis, sur ma route, je me rends compte que les gens sont tellement heureux d’être présents sur mon passage. Cela nourrit mon corps physique, mon moral, et mon âme. Tant de belles rencontres me remplissent de joie et m’aident à continuer.

Je vois et comprends l’essence même de ce voyage: les rencontres humaines, le non-jugement de tout un chacun et le bonheur de partager entre nous.

Toi, monsieur à l’épicerie… je te vois, je te sens. Cela fait longtemps que personne ne t’a parlé et ne s’est intéressé à toi… Nous restons assis à échanger quelques mots simples et nous nous nourrissons de cet instant. Merci à toi dont je ne connais pas le nom !

Je suis assise sur le bord de la route , épuisée, j’ai chaud et soif; une femme m’offre de l’eau ! Puis, plus loin, le gîte, un bon souper et un grand déjeuner ! Une douche chaude. Des moments de la vie ordinaire pour tout et chacun, mais qui prennent un tout autre sens après des jours de froid, de chaleur, de pluie et de sécheresse.

Merci à tous ceux qui m’ont aidée tout au long de mon parcours, merci pour les bonjours, les sourires et tout le reste.

Toi sur le bord de la route qui m’encourage oui toi… Merci tu as fait ma journée !


À bientôt cher lecteur et merci d’encourager Répit-Jeunesse qui vient en aide aux jeunes dans le besoin en leur procurant gîte, confort et réconfort, et ce, dans le non-jugement et dans l’amour !

Histoire d’Ô

Les plaines de l’Alberta et de la Saskatchewan.

Le vent, le sable, les pesticides arrivent sur moi, de face à la vitesse de 40km/hre. La sécheresse des terres m’assèche la bouche, les yeux et heurte mes poumons.

J’ai soif, il n’y a pas d’eau ici. Les petits lacs sont remplis de minéraux venant du sol et de produits chimiques venant de l’homme pour satisfaire une soif matérielle dont nous sommes tous responsables.

Je résiste et continue de rouler à contre vent afin de me rendre à la prochaine station-service. Ici je ne suis pas autonome, mais bien dépendante pour m’abreuver convenablement.

Depuis que je suis dans les plaines, le matin au départ, je m’assure d’avoir mes 5 litres d’eau.  Je ne peux pas transporter plus.  Je dois considérer quels seront mes arrêts dans de petits villages. Certains n’ont pas d’épicerie ou station-service.  Je suis dans un désert…

Dix kilomètres me séparent de la prochaine station-service et je n’y arrive plus, le vent me freine, la chaleur intense me déshydrate et le soleil qui me brûle ne veut pas aller dormir et me laisser me rafraîchir. Il est 19 heures, je cherche l’ombre, mais il n’y a pas d’arbres. Alors je fonce, épuisée, et espère arriver avant la fermeture de cette station-service, sans quoi je n’aurai pas d’eau.

J’aperçois un mini lac, mais je n’ose pas m’approvisionner à cette eau… Un cerne de sel l’entoure et tous ces champs remplis de pesticide me freine.
Ici, la majorité des habitants ne boivent pas l’eau du robinet.

La beauté des plaines qui m’apporte une paix intérieure est aussi violente et épuisante. Je me bats depuis quelque temps avec ce vent qui ne tourne pas. Je résiste, une solitude accablante s’empare de moi.

Aujourd’hui la météo changera.
Il est annoncé, neige, vent et température sous zéro.

À progresser dans ces paysages linéaires, je serais presque tentée de croire, comme certains, que la Terre est belle et bien plate !
Mais le Soleil me rassure que demain sera là, mais pas tout à fait pareil…  Comme la révolution de mes roues au devant d’incessants paysages.  Comme les voeux éphémères que l’on se fait jours après jours…

L’hydratation

Dans ces conditions, la vie au quotidien est un défi en soi. Chaque matin je refais mes bagages et chaque soir je me fais un campement pour y passer la nuit. Mon corps travaille en continu pour subvenir à mes besoins de base. Il travaille aussi pour me faire avancer. L’hydratation est un besoin vital, elle joue un rôle important dans le maintien de mon énergie. Je ne peux pas me permettre la déshydratation.

La prise de minéraux (oligoéléments ioniques) est grandement recommandée pour le maintien de l’hydratation; cela aide à la formation de tissus et au bon fonctionnement des muscles.

Le SteriPen

Pour traiter mon eau j’utilise un système à lampe UV communément appelé SteriPen. Cela tue les bactéries, les protozoaires et les virus a 99%.
Système simple et efficace pour un voyage de plusieurs mois. Encore faut-il avoir des sources d’eau sur le chemin. Ce système a été parfait jusqu’ici; sauf ici avec le peu d’accessibilité à l’eau et surtout des eaux polluées, car ce système n’enlève pas les produits chimiques accumulés avec le temps.

 

Du haut vers le plat

Tout ce qui monte doit redescendre.

Nous étions au Lac Louise…
239 km nous séparaient de Jasper par la route des glaciers.
Un gardien de parc nous informa qu’il serait impossible de dormir en camping sauvage dans le parc national. Cela ne nous plaît pas mais les campings sont fermés, car il est trop tôt dans la saison. Pas le choix, d’autant plus qu’une maman grizzly récemment réveillée rôde aux alentours et notre nourriture serait une cible parfaite !

Au pays de l’Ours

Nous sommes dans la transition de l’hiver au printemps. Les ours sortent de leur sommeil et sont eux aussi dans un nouveau cycle. Le réveil est brutal et ils n’ont toujours pas bu leur premier café du matin ! Nous devons donc être vigilants pour éviter une rencontre potentielle.

Dormir dan’l bois, chez les animaux…

En voyage chaque contrainte peut devenir une opportunité.
Notre solution: louer une voiture jusqu’à Edmonton. Nous pourrons quand même profiter de la nature et du parc national et nous pourrons faire quelques randonnées et reposer nos muscles fatigués.

Me voici donc en randonnée à Jasper. Après mon trauma crânien, la randonnée en haute montagne m’était impossible, car l’altitude me déstabilisait. Je me sentais forte et prête à tenter cette montagne de 2200m. Le bonheur de gravir une montagne m’envahissait à nouveau ! Je suis là, je réussis ! J’entrepris cette ascension. Mes symptômes avaient disparu !! Pas à pas je montais, pas à pas le bonheur de réussir imprégnait mon être !

Montagnes prometteuses

Soudain, je ne sais plus avancer, je tremble…
Je ressens les symptômes d’il y a 3 ans revenir ! Je ne veux plus revivre cette faiblesse ! J’ai peur, je tremble toujours, je n’ai plus d’équilibre… un pas en avant est interminable… Le sommet est là et je veux l’atteindre. Je résiste et je continue même si j’ai peur de rester dans cet état. Il y a un mélange entre le bonheur et la fierté d’avoir réussi à me rendre si haut et le désespoir du retour des symptômes.

Ciel menaçant et chant du Corbeau

1800 mètres. Comment se fait-il que je n’avance plus, comment se fait-il que mon corps résiste, comment se fait-il que ma tête ne contrôle plus rien? Et cette montagne si menaçante qui ne me permet pas de faire un faux pas…
Mon partenaire de voyage est inquiet et doit m’aider à redescendre de façon sécuritaire. Je suis maintenant redescendue à 1000 mètres d’altitude; mes pertes d’équilibre s’estompent et je retrouve ma stabilité intérieure.

Du sommet à la coulée

Une fatigue s’empara de moi et une pause de quelques jours à Edmonton sera grandement apprécié. La transition brutale entre les montagnes et les plaines s’est imposée…

Fin du jour de rêves…

J’ouvre la porte de cette petite chambre d’hôtel… Les larmes coulent sur mes joues brûlées par le soleil ! Les symptômes sont de retour… La moitié de ma tête est engourdie et je tremble ! Un repos ici me fera un grand bien. J’espère que la plaine m’apportera une accalmie salutaire…

Plaines, sueurs & poussière

L’esprit de l’Ours, rencontré dans les hauteurs, viendrait-il me signifier la nécessité de me ressaisir et de mettre en place des limites plus appropriées pour affirmer mon espace personnel et un nouveau rythme pour mes pérégrinations?

J’aurai les Plaines pour y répondre…

Accompagnée de ma fidèle ombre